Les Stars des années 60:des emblèmes qui traversent le tempsLes années 60 ! Voilà bien une période qui a marqué les esprits de toute une génération au point où, aujourd'hui, plus que sous l'influence d'un devoir de mémoire, les «Stars des années 60» font partie intégrante de notre culture et ce grâce à leur talent. Oui, parler de talent, c'est faire référence à la capacité de séduire, de faire plaisir, et surtout de «révolutionner» tout un public ! Les années 60 ou mieux encore, les «sixties» : qui n'en a jamais entendu parler? Il vous est parfois arrivé de fredonner des chansons dont vous ignorez peut être l'auteur compositeur ou l'interprète ? Eh bien rassurez-vous, ce n'est pas qu'à vous que cela arrive ! Bon nombre de personnes ont très souvent été dans le même cas, mais pourquoi ? Les années 60 ont été dominées par des rythmes de musiques très variées à savoir, le rock'n'roll, le twist, le blues, la musique classique, le «yéyé»..., ainsi que des chanteurs à la «renommée mondiale». Inutile, mais il s'avère en même temps impératif, de citer certaines «stars des années 60» ayant une réputation sans équivoque telle que : Johnny Hallyday, Dalida, Sheila, Mireille Mathieu, Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Charles Aznavour, Pierre Perret, Claude François, les Rolling Stones, Long John Baldry...et des producteurs tels qu'Eddie Barclay qui a produit de nombreuses stars à l'exemple de Daniel Ballavoine, Brigitte Bardot, Jacques Brel...pour ne citer que ceux-là ! Sans l'ombre d'un doute, nous les connaissons quasiment tous, quelque soit notre âge, la génération à laquelle nous appartenons ! Mais rappelons-le, certains artistes ont profondément marqué la période d'après-guerre (Deuxième Guerre Mondiale), malgré le succès indubitable du genre littéraire qui prévalait à cette époque. Il s'agit notamment d'artistes tels que Serge Gainsbourg, star très médiatique avec son style «jazz moderne», ses textes «langoureux» et sa chanson fétiche «je t'aime, moi non plus» enregistrée avec sa compagne Jane Birkin : chanson qui l'a mise sur la scène internationale, mieux encore, celle mondiale. Véritable artiste séducteur irremplaçable, Claude François est quant à lui, la star et en même temps, l'idole de la génération des années 60 avec ses tubes cultes tels «belles, belles, belles», «chanson populaire» ou «comme d'habitude» repris dans plusieurs langues à ce jour. Aussi, dans la fougue qui a «emballé» les stars des années 60, n'oublions pas celle «à la voix grave et chaude», mais aussi véritable vedette du cinéma : Dalida. Elue Miss Egypte à 17 ans, cette star des années 60 a su conquérir par ses talents et sa beauté, bon nombre de producteurs de disques, et de films, mais également des générations avec ses tubes «salma ya salmaya», « paroles, paroles... » et «Monday, Tuesday.. .laissez-moi danser» (reprise par la Star Academy 3).Grâce à son succès planétaire, cette star incontestée aura vendu près de 130 millions d'albums, mais son suicide le 03 Mai 1987 mettra fin à cette gloire. Et Edith Piaf ? L'avons-nous oublié? Certainement pas ! Artiste au timbre de «voix unique», la chanteuse française la plus connue dans le monde avec sa chanson très célèbre «Hymne à l'amour », sans oublier «non, je ne regrette rien» fait aujourd'hui encore une panoplie d'admirateurs ! Parlant des stars des années 60, ne pas faire allusion à Sheila ne complèterait pas la «liste exhaustive» des concernées ! Repérée en 1962 par un jeune producteur (Claude Carrere), Sheila devient dans le début des années 60, une vedette très populaire des «yéyés» avec ses chansons célèbres telles que «vous les copains», «première surprise party », très diffusées dans les fêtes de jeunes comme dans celles des plus âgés de l'époque. Jusque là, le tour des stars des années 60 a été fait, mais, n'oublions la première star française incontestable du Rock, qui fait trembler toutes les générations, déclenche des hystéries ou mieux encore «allume le feu» : vous l'avez tous compris, il s'agit de Johnny Hallyday ! Les années 60 n'ont pas seulement été marquées par des chanteurs, mais également par des acteurs qui ont su s'imposer et sauvegarder leur talent jusqu'à nos jours. Il s'agit entre autre, de Catherine Deneuve (fille d'une actrice) qui ayant fait ses débuts au cinéma à l'âge de 14 ans et repérée par des producteurs italiens et hollywoodiens, accède très vite à des rôles importants dans le domaine : ce qui lui vaudra plusieurs césars. Par ailleurs, l'actrice Brigitte Bardot, repérée à 14 ans par une directrice d'agence de mode, devient le «sex symbol» des années 60 et révolutionne les moeurs. Elle débute au cinéma à 19 ans dans le film «un acte d'amour» et à 22 ans, devient une légende mondiale du cinéma. Aussi, devenu célèbre à 27 ans grâce à son rôle dans le film «A bout de souffle», Jean Paul Belmondo quant à lui, cité parmi les stars des années 60, est l'un des acteurs masculins, comédien physique, ayant tourné une multitude de films d'actions en interprétant lui-même ses cascades. Vous le savez tous, il ne s'agit pas que de ces quelques acteurs cités ci-dessus qui ont marqué les années 60. La liste, toujours plus exhaustive ne manquera de mentionner Jane Birkin, Romy Schneider, Woody Allen...
Le « vilain petit canard » était devenu reine de beauté et du juke-box. Le destin de "la Callas de la Variété" avait quelque chose du conte de fées, mais les suicides de ses proches ont changé l’histoire. La femme dynamique était auréolée de gloire et de fatalité. Avec ses paillettes, ses plumes, ses hanches ondulantes et son corps de déesse, Dalida avait les atouts de la femme fatale. Mais malmenée par la vie, pleine de deuils, de souffrances et de morts à répétitions, Dalida met fin à la tragédie qui la poursuit en accomplissant le dernier acte. Dans la nuit du 2 au 3 mai 1987, elle laisse un dernier message, se coiffe, se couche dans son lit et éteint les lumières dans un demi-sommeil médicamenteux. Celle qui voulait mourir sur scène n’a laissé que quelques mots - « Pardonnez-moi, la vie m’est insupportable » - avant de s’endormir pour toujours. Yolanda Gigliotti, alias Dalida, naît au Caire, le 17 janvier 1933. Sa famille, d’origine italienne, a émigré en Egypte. Son père est dans la musique et pratique le violon à l’Opéra. Quant à sa mère, elle s’occupe de ses trois enfants et tient sa maison dans le quartier de Choubra où Arabes et Occidentaux cohabitent harmonieusement. Tout pourrait être parfait, mais la petite Yolanda souffre des séquelles d’une infection ophtalmique contractée à seulement quelques mois. A quatre ans, une intervention tente, pour la seconde fois, de redresser son œil. Mais, malgré l’opération, le strabisme demeure et la petite fille doit porter des lunettes. Son strabisme la complexe. A treize ans, coquette, elle envoie valser ses carreaux par la fenêtre et voit un monde plus flou, mais plus beau, où son regard est épargné par celui des autres. Elle récupère des verres et n’entame pas son énergie. Libérée des cours de son école catholique, tenue par des religieuses, elle se promène avec ses amis. Dans le cadre scolaire, elle s’initie à la comédie et dévoile ses talents d'actrice. Adolescente, elle voit son futur dans le secrétariat. Mais une nouvelle opération va changer ses projets pour son destin. Avec son nouveau regard, les gens la perçoivent différemment. Grande, avec des courbes désirables, ses yeux ne sont plus un obstacle à l’envie des hommes ou à la jalousie des femmes. La jeune fille se présente à un concours de beauté. La « Miss Ondine », élue en cachette de ses parents, apparaît en maillot de bain. Les photos font scandale dans la famille, mais le calme revient. Pourtant, il ne s’agit pas d’un moment d’égarement. Yolanda récidive en s’inscrivant à l’élection de « Miss Egypte 1954 ». Elue à sa plus grande surprise, Dalida, fascinée par les actrices américaines, peut rêver de cinéma. La brune à l’œil de braise et à la poitrine en avant débute, l’année de son sacre, devant la caméra dans « Un verre et une cigarette », film égyptien. Ensuite, elle tourne dans « Le masque de Toutankhamon ». Le metteur en scène, français, frappé par le timbre de voix de l’actrice qui chante entre chaque prise, lui conseille de partir tenter sa chance à Paris. Le 25 décembre 1954, Dalida s’éloigne alors de ses pyramides pour rejoindre la Tour Eiffel. Noël est pour l’artiste pleine de rêves une renaissance. Mais la nouvelle vie de Dalida dans la capitale parisienne n’est pas tout de suite glorieuse. En plein hiver, dans la ville froide, l’étrangère est seule et a peu de moyens. Les temps sont durs, mais la fille du Caire est déterminée. Elle prend des cours de chant, malgré ses faibles ressources, et rôde de studios en auditions. La rengaine est unanime et connue : « Patientez, on vous écrira… ». Envoyée par son professeur dans un cabaret, Dalida chante devant un public. Ses scènes l’amènent jusqu’à l’invitation de Bruno Coquatrix. Celui qui vient de racheter un vieux cinéma parisien anime une émission de variété sur Europe 1 et veut voir Dalida dans « Les numéros 1 de demain ». L’Egyptienne chante un titre aux airs prémonitoires : « Etrangère au Paradis ». Eddy Barclay, éditeur de disques, et Lucien Morisse n’arrivent pas à se décider à aller assister au spectacle. Le sort de Dalida dépend alors d’un coup de dés, d’une partie de 421. Le jeu mène Eddy Barclay et Lucien Morisse devant les nouveaux talents. Impressionnés par Dalida, Coquatrix et le duo décident de s’occuper de la carrière de la belle. Dès son deuxième 45 tours, « Bambino », Dalida connaît le triomphe. Grâce à Lucien Morisse, le titre labellisé Barclay, est matraqué toute la journée sur les ondes d’Europe 1. 1956 est alors l’année où Dalida devient Mademoiselle Bambino pour le public. Cette année-là, elle foule les planches de l’Olympia. En 57, son disque est récompensé par l’or et l’enthousiasme des foules. La jeune chanteuse, qui apparaît en couverture des magazines, doit beaucoup à Lucien Morisse. Le directeur artistique d’Europe 1 devient un pygmalion au sens plein du terme. Malgré son mariage, il entame une idylle avec Dalida. En 1957, Dalida enregistre « Gondolier » et reçoit l’Oscar de Radio Monte-Carlo l’année suivante. La chanteuse triomphante part ensuite en tournée et se produit à Bobino. Après son succès et ses chansons classées dans les hit-parades, elle part en Italie, sur la terre de ses grands-parents. Ses voyages la conduisent aussi à revenir au Caire, dans sa ville natale. Elle ne reste pas dans sa famille et retourne en France. Dalida y retrouve son amour, Lucien Morisse. Mais le bonheur semble un peu usé. Malgré tout, les amoureux qui tardaient à se dire « Oui » se marient à Paris, le 8 avril 1961. Mais leur relation était déjà finie. Partie en tournée après son mariage, Dalida rencontre un nouvel homme. La chanteuse tombe amoureuse de Jean Sobieski. La passion ne lui fait pas perdre de vue sa carrière. Alors que la France se met au yéyé, Dalida est en vedette de l’Olympia, en décembre 1961, avec sa variété. La chanteuse en haut de l’affiche subit la pression des médias qui annoncent la mort de la variet’ et de sa représentante. Mais l’enterrement de Dalida n’est pas pour 1961. Pendant un mois, l’Olympia accueille plus de mille spectateurs par soir. Forte de son succès, Dalida reprend les airs pour sa nouvelle tournée. L’été 62 voit l’arrivée du « Le Petit Gonzalès », reprise de Speedy Gonzalez. Avec cette chanson gaie, et aussi rapide que son héros, Dalida charme un public jeune. A cette époque, elle achète sa maison de Montmartre. Divorcée de Lucien Morisse, Dalida finit aussi par rompre avec Jean Sobieski. En 64, toujours plus sexy, toujours plus séduisante, celle que les hommes préfèrent se décolore en blonde. En septembre, confiante, la chanteuse préférée des Français retourne à l’Olympia. En 65, elle chante « La danse de Zorba » sur la musique de celui qui a composé la B.O. de « Zorba le Grec ». C’est un nouveau succès. Mais les galas et les enregistrements laissent peu de place à sa vie de femme. Heureusement, son jeune frère, Bruno, venu la rejoindre à Paris, va s’occuper de sa carrière sous le nom d’
Orlando, le prénom du deuxième frère de la famille. En 66, la maison de disques RCA présente à Dalida un auteur-compositeur prometteur. Luigi Tenco impressionne Dalida par sa fougue et son tempérament contestataire. Le label décide d’envoyer la chanteuse au Festival de San Remo. Luigi écrit la chanson chargée de remporter le prix. Les rencontres sont nombreuses entre les deux artistes et la passion naît entre eux. En 67, ils se rendent au festival et annoncent à leurs proches leur projet de mariage. Mais la tragédie est en marche. La marche nuptiale prend des airs ensanglantés et Luigi, sous l’effet des tranquillisants et de l’alcool, prend mal la décision du jury. Le prix échappe à Dalida, lui échappe. Se sentant incompris, l’auteur angoissé, torturé, met fin à ses jours. « Ciao Amore » a tout d’un coup l’écho de la destinée. Anéantie, Dalida fait quelques mois plus tard une tentative de suicide. Dès lors, la chanteuse se consacre à la philosophie et à l’élévation de l’âme. Par le yoga ou la psychanalyse, elle cherche à se connaître et à atteindre l’apaisement. Dalida, plus ou moins rétablie, se produit en France. La presse la prend pour une sainte et son public est toujours en pleine dévotion. Alors qu’elle part en Inde, à la rencontre d’un sage, et qu’elle suit une psychanalyse, elle continue sa carrière et chante léger. Avec « Darla dirladada », son succès est populaire. Mais la femme marquée chante aussi ses failles. Avec gravité, mais sans exagération, elle chante « Avec le temps » de
Leo Ferré. Désormais, elle veut apporter sa voix à des textes ayant plus d’ampleur. Mais Bruno Coquatrix ne croit pas à ses nouvelles envies. Puisqu’il n’est pas convaincu par son répertoire, et que Lucien Morisse, suicidé en 70, n’est plus là pour la soutenir, elle loue la prestigieuse salle de l'Olympia. Si Dalida doute lors de son entrée en scène, le public, toujours présent, lui donne raison. En 1972, elle passe de la poésie de Ferré à « Paroles, paroles », « bonbons, caramels et chocolats » en duo avec
Alain Delon. Cette adaptation d’une chanson italienne est n°1 des hit-parades. En plein succès, musical et sentimental, Dalida se fait de plus en plus féminine, tendance hollywoodienne. En 1973, la femme mature, toujours en beauté, chante Pascal Sevran et les amours d’une femme, amante d’un jour, et d’un jeune garçon, qui prend conscience de son âge et du temps qui passe. La chanson de Pascal Sevran est un triomphe. « Il venait d’avoir 18 ans » est n°1 dans plusieurs pays, dont l’Allemagne. En 74, elle continue sur la route du succès avec le dansant « Gigi l’amoroso ». En 76, après spectacles et récompenses, elle sort un album de reprises. Partie chantée dans les pays arabes, elle revient de ses voyages avec l’idée de chanter dans leur langue natale. En 78, elle reprend un morceau du folklore égyptien. « Salma Ya Salama » est un succès incomparable. La même année, elle enregistre « Génération 78 », dans la mouvance disco. Tenace et professionnelle, Dalida compte bien continuer à chanter malgré l’arrivée de nouveaux genres musicaux. Les Américains, férus de persévérance et de glamour, lui demandent de faire un show à New York. De retour en France, les tubes redémarrent. Avec « Monday, Tuesday », elle confirme son aisance dans les vagues disco. En 80, au Palais des Sports, à Paris, Dalida fait un show à l’américaine, très Broadway, avec l’aide du chorégraphe de
John Travolta. Dalida fait valser costumes et rangées de danseurs, et fait salle comble. Côté vie sentimentale, c’est à nouveau le chaos. Pour oublier sa nouvelle rupture, Dalida se plonge dans le travail. Favorable à François Mitterrand, le nouveau président, la presse lui reproche son opinion politique et son amitié prise pour un engagement. En 82, Dalida décide de s’éloigner de la cabale médiatique. En 83, elle revient avec un nouvel album. Si les journalistes ont oublié leur coup de sang, Dalida se sent toujours blessée par son pays d’adoption. L’annonce du suicide de Richard Chanfray, son ancien compagnon, continue à la déstabiliser. Elle se sent maudite, coupable de distribuer le mauvais œil aux hommes qu’elle aime. En 84, elle part quand même en tournée. En 86, Dalida ne pense pas à son physique pour jouer dans « Sixième jour ». Les critiques de cinéma voient en elle une actrice dramatique de talent. Mais, malgré la reconnaissance, Dalida est sans enfant et sans mari. Sa dernière relation, avec un médecin, s’est mal terminée. Dalida, dépressive, ne peut retrouver le moral et met fin à sa vie, dans la nuit du 2 au 3 mai 1987. Populaire, légendaire, Dalida au destin tragique a conservé sa place dans les cœurs et dans les discographies. A Paris, le 24 avril 1997, une place à son nom est inaugurée dans son Montmartre. Sculptée par Alsan, Dalida, au corps sculptural, trône près de chez elle. Dans les cinémas, elle vient habiter les B.O. de « Mina Tannenbaum », de « Pédale douce » ou de « Gazon maudit ». Elle renaît aussi, virtuellement, auprès de
Serge Lama, pour chanter avec lui « Je suis malade », qu’elle interprétait avec tant de sensibilité.

Quand on la voit, sur les pellicules des années 60, en pull, le V porté à l’envers, en mini-robe de chez Courrèges, sur les photos de Jean-Marie Périer, ou maintenant, toujours aussi belle avec ses cheveux blancs, quand on sait qu’elle a dû repousser les avances de nombreux chanteurs de la vague pop, et que Dylan, Jagger ou Bowie ont déclaré être épris d’elle, on a du mal à imaginer la princesse voyant un crapaud dans le reflet du miroir. Pourtant, Françoise Hardy a longtemps été convaincue d’être un vilain petit canard. De là, de son traumatisme d’enfance, vient peut-être sa timidité. Ses airs réservés vont servir sa musique, ses chansons douces et nostalgiques qui ne paraissent que sincérité. La couverture de magazine naît le 17 janvier 1944, à Paris, sous le signe du Capricorne. Françoise est élevée par sa mère, avec sa sœur cadette, dans un appartement parisien. Son père n’est pas à leurs côtés et ne verse pas souvent sa pension alimentaire. Françoise vit en cercle fermé, entre sa sœur, sa mère et ses grands-parents maternels. Sa grand-mère est, selon les confessions de l’artiste, de nature envahissante et castratrice. Si l’astrologie peut, selon Françoise Hardy, expliquer les traits d’une personnalité, la psychologie peut aussi expliquer son manque de confiance en elle. Avec des réflexions permanentes, mais surtout désagréables, Françoise Hardy se met à se regarder avec les yeux méchants de son aïeule. Dans son institution religieuse, l’adolescente pieuse et studieuse pourrait s’épanouir, mais ses longues jambes et sa maigreur lui renvoient sa grand-mère en échos. De Paul Anka, à Charles Trenet, en passant par les opérettes de Georges Guétary, elle écoute et chante dans sa chambre toutes ses idoles. Dans la littérature, l’écriture, la musique ou les vacances, la fille solitaire trouve sa porte sur l’évasion. En 1961, pour fêter la réussite de son bac, elle reçoit une guitare. Françoise peut alors se mettre aux mélodies. Mais Françoise Hardy doit d’abord se mettre aux sciences politiques. Elle fait plaisir à sa mère, mais finit par suivre des études de lettres, à la Sorbonne. En 61, elle rejoint aussi le Petit Conservatoire de la chanson de Mireille où elle prend des cours de chant. Quand elle apprend dans les journaux qu’une maison de disques recherche de jeunes chanteurs ou chanteuses, elle part se présenter à l’audition. Elle n’est pas retenue, mais réussit tout de même à signer, en 1961, un contrat chez Vogue. En avril 1962, la nouvelle signature de Vogue enregistre quatre titres pour son premier 45 tours. Sur les quatre morceaux, elle en signe trois, notamment l’indémodable « Tous les garçons et les filles ». Ce titre, signé FH, plaît beaucoup à Daniel Filipacchi, présentateur, à l’époque, de la célèbre émission radio d’Europe 1 : « Salut les Copains ». Les filles et les garçons de son âge vont se l’arracher, bien au-delà de la France, à plus de deux millions d’exemplaires. En quelques mois, la chanteuse à la voix douce et fragile, à la beauté anguleuse, devient une nouvelle idole des yéyés. « Tous les garçons et les filles » poursuit sa renommée en devenant le titre du premier album de Françoise Hardy, une compilation de ses morceaux. L’émission culte d’Europe 1 a son magazine. Lors d’une séance de prises de vue, Françoise fait la connaissance du photographe Jean-Marie Périer. Entre celui qui connaît toutes les ficelles du métier et la chanteuse débutante, une histoire d’amour va débuter. Grâce à son amoureux, Françoise Hardy, qui ne prête, en réaction à son enfance, que peu d’importance à son apparence, va devenir une véritable égérie. Jean-Marie Périer, qui a le sens de l’esthétique et un goût sûr en matière avant-gardisme, va mettre en valeur ses atouts et la transformer en femme à l’allure moderne, en courant à suivre. En 1963, la belle, qui attire la presse, arrive à l’honorable cinquième place, en représentante de la principauté de Monaco, au concours de l’Eurovision avec « L’amour s’en va ». La même année, caméra et réalisateur s’intéressent à sa télégénie. Roger Vadim lui propose de jouer dans l’adaptation du roman de Françoise Sagan : « Château en Suède ». Année chargée puisque celle à qui l’on reconnaît des talents d’actrice sort « Le 1er bonheur du jour » et signe un contrat pour se produire à l’Olympia, en première partie de Richard Anthony. Elle connaît le succès et part en tournée. En 1964, elle sort son troisième album, « Mon amie la rose ». Le titre du même nom, plein de mélancolie et de philosophie sur le temps qui passe et la vulnérabilité de l’homme, repris et orientalisé par Natacha Atlas, en 1999, est aussi signé FH. Très en Vogue, Françoise Hardy a du mal à assumer son image de vedette. Mais son élégance, un peu distante, quelque peu mystérieuse, va la mettre encore davantage en avant. Son physique, très éloigné du vilain petit canard de son enfance, et sa silhouette longiligne, moderne, attire les couturiers qui veulent voir sur elle leurs créations. Courrèges, Paco Rabanne, et même Chanel et Yves Saint-Laurent, viennent vers elle, avec leurs vêtements. En 1965, celle qui côtoie les Beatles, Mick Jagger et beaucoup d’autres stars de la pop-music par l’intermédiaire de Jean-Marie Périer sort « Ce petit cœur » et chante, habillée par Courrèges et Paco Rabanne, au « Savoy Hôtel » de Londres devant toutes les célébrités de la capitale anglaise. En 1966, Françoise, qui continue le cinéma, est la partenaire d’un autre chanteur, Yves Montand, dans « Grand Prix », de John Frankenheimer. La Française intéresse les Américains : Warner Bros propose à Vogue de distribuer les disques de Françoise Hardy et Bob Dylan profite de son passage à l’Olympia pour faire preuve d’insistance et la rencontrer. Celle qui intéresse anglais et américains sort, la même année, un album dans la langue des Beatles et d’Elvis Presley : « Françoise Hardy In English ». Toujours en tournée, toujours incitée à travailler par le consciencieux Jean-Marie Périer, la relation entre les deux amoureux se dégrade. 1967, l’année de « Ma jeunesse fout l’camp », est l’année de la rupture entre eux deux. Il ne lui reste plus qu’à faire « Des ronds dans l’eau » et à chanter Brassens et Aragon ou « Il n’y a pas d’amour heureux ». Mais elle crée aussi son propre label : Asparagus. Françoise Hardy, en répondant ainsi au sobriquet de Philippe Bouvard, montre qu’elle peut, malgré ses airs distants et réservés, faire preuve d’humour. « L’endive du twist » se change en asperge et séduit Jacques Dutronc, l’idole des jeunes filles. Fatiguée de passer sa vie sur scène, Françoise Hardy décide de se produire, en 1968, pour sa dernière représentation, au « Savoy Hôtel » et sort « Comment te dire adieu », où elle reprend « Suzanne », le classique de Leonard Cohen, et chante Serge Gainsbourg. En 1971, après son procès avec Vogue et la cessation d’activité de son propre label, Françoise Hardy sort « La question ». Collaborant pour ce disque avec Tuca, musicienne brésilienne, Françoise Hardy n’écoute plus que ses envies. En 1973, « Message personnel », enregistré sous la direction de Michel Berger, sort. Le titre de l’album devient un standard du répertoire de Françoise Hardy. Celle qui a quitté la scène, pour se contenter des ondes, peut se consacrer à la maternité. En 1973, elle donne naissance à Thomas. Pour s’occuper de son fils, le jean-basket devient sa tenue fétiche. En 74, malgré le jeune âge de son fils, elle sort « Entracte », un album conçu avec son amie Catherine Lara. En 1978, elle chante « J’écoute de la musique saoule ». Ce titre sent la patte de Michel Jonasz, et la « Musique saoule » « à rouler par terre » met de l’humour dans les cœurs séparés, les mélodies romantiques et les relations à distance. Françoise Hardy chante aussi le « Brouillard dans la rue Corvisart » avec Jacques Dutronc, le père de son fils. En 1981, « A suivre » contient deux titres de Jean-Claude Vannier – « L’amour c’est trop fort », « Sentimentale » - et un de Jean-Pierre Bourtayre et Etienne Roda-Gil – « Villégiature ». L’année suivante, elle retrouve le Serge Gainsbourg des prétextes, des kleenex et des réflexes : après « Comment te dire adieu », Françoise Hardy interprète « Ces petits riens ». Alain Souchon collabore aussi avec la belle et lui écrit trois chansons : « Quelqu’un qui s’en va », « Tirez pas sur l’ambulance » et « C’est bien moi ». En 88, la jeunesse est encore loin de foutre le camp : Etienne Daho, avec William Sheller ou Dutronc, vient participer à la compo des chansons de « Décalages ». En 1993, toujours aussi convoitée, toujours aussi admirée, elle chante en duo avec Blur et signe chez Virgin France. En 95, elle sort « Le danger ». Avec Iggy Pop, en 2000, elle en prend un. Mais leur duo – I’ll be seeing you » - est une charmante surprise. Dans « Clair obscur », on trouve aussi des reprises et Françoise et Jacques dans « Puisque vous partez en voyage ». En 2002, soixante-quatorze de ses chansons sont remasterisées dans « Messages personnels ». Sa vie, c’est tant de belles choses. Notamment la rencontre de Benjamin Biolay et d’une jeune génération qui la découvre, ou redécouvre. « Tant de belles choses », c’est un album fait avec la complicité de son fils Thomas, mais aussi avec celle de Biolay, de Perry Blake ou de Jacno qui berce dans des sons actuels son intimité des années 70.
version originale!

Paul-Alain Leclerc, alias Julien Clerc, naît le 4 octobre 1947, à Paris, dans le 19ème. Très tôt, il se partage entre musique classique et chanson française, et entre les appartements de ses parents divorcés. Baignant dans les notes, la semaine chez son père Paul, haut-fonctionnaire à l’UNESCO, et le week-end chez sa mère d’origine guadeloupéenne, celui qui s’appellera Julien en public apprend très tôt le piano. Mais à six ans, il joue les blanches et les noires sans réel enthousiasme. A l’adolescence, le clavier permet de reproduire les coups de cœur radiophoniques et prend plus de place dans sa vie.Lycéen des années 60, il a les occupations de sa jeunesse : les cours à Lakanal, la mobylette, les copains et les (sur)boums, mais aussi le solfège et la vente de calendriers, scoutisme oblige. En terminale, il rencontre Maurice Vallet, dit Momo, qui devient, avec Etienne Roda-Gil rencontré en 1966, un de ses principaux paroliers.Après l’obtention de son baccalauréat, Paul-Alain prépare Sciences Po. Echouant, il se dirige, sous la pression de son père, vers la Sorbonne et les études de droit. L’université, entourée de cafés, perd souvent quelques étudiants. Le jeune Leclerc devient plus assidu à l’Ecritoire, où il rencontre Etienne Roda-Gil, qu’aux bancs de la fac.Les deux amis de terminale et le poète du café de la place débutent une longue association et écrivent des chansons. Chez Pathé Marconi, Paul-Alain passe une audition grâce à une connaissance. Réussissant sa performance, il signe un contrat de sept ans et change son nom. En 1968, Julien Clerc enregistre « La cavalerie », écrit par le trio. En mai, les trois chevaliers galopent vers le succès et les hit-parades. En juillet, Julien enregistre un second quarante-cinq tours, contenant une reprise d’ « Ivanovitch ». Gilbert Bécaud, séduit par l’interprétation de son titre, propose sa première partie à Julien Clerc. Mais avant d’accepter l’Olympia, le chanteur débutant doit se former à la scène. Avec Adamo, il part donc en tournée à l’automne 1968. A son retour, son troisième quarante-cinq tours et de son premier album sortent. Avec ses textes oniriques, ses mélodies symphoniques et son vibrato original, l’album se retrouve dans les hit-parades de l’époque et remporte un immense succès et le Prix du disque de l’Académie Charles Cros. 69 est l’année de l’Olympia, de « Hair » et de la médiatisation de son couple. En mars, le public de Gilbert Bécaud fait un triomphe au chanteur à la voix vibrante. Serge Gainsbourg ou Henri Salvador vient féliciter le débutant prometteur. Les producteurs partagent l’avis de ces grands artistes et proposent à Julien Clerc le premier rôle de leur comédie-musicale « Hair », gros succès outre-Manche. Julien refuse, puis revient sur sa décision après avoir assisté au spectacle à Londres. Son « oui » lui offre le succès et inscrit son nom dans la culture hippie et la mémoire collective. En juillet, il sort « La Californie ». Classé dans les premières places du hit de « Salut les copains », Julien Clerc continue à avoir le vent en poupe. Intéressant de plus en plus la presse, sa vie privée est dévoilée : sa relation avec la chanteuse France Gall est rendue officielle.Ecrivant, à plusieurs mains, chanson sur chanson, Julien Clerc n’arrête pas de produire des tubes. Ses titres sont traduits dans plusieurs langues et font sa gloire jusqu’à l’étranger. En 1974, après seulement quelques années de carrière, le séduisant chanteur reçoit cinq disques d’or des mains de Françoise Hardy. En 1975, sa rupture le laissant disponible, il entame une longue tournée et chante au Japon et au Canada. S’essayant au cinéma, il rencontre Miou-Miou sur le tournage « D’amour et d’eau fraîche » et éprouve le coup de foudre. Pour entretenir le succès, Julien Clerc sait collaborer avec les meilleurs paroliers. En 1976, Jean-Loup Dabadie et Maxime Le Forestier écrivent, avec l’éternel complice, Roda-Gil, pour Julien. Au fil des années, le chanteur renouvelle son vivier d’écrivains, mais continue à s’entourer de grands auteurs comme Jean-Louis Murat, Luc Plamondon ou Carla Bruni. En 1978, Julien devient père d’une petite Jeanne et chante pour l’ « Emilie Jolie » de Philippe Chatel et toute une génération d’enfants. En 1980, il remet sa collaboration en question et se sépare de son ami Roda-Gil. Une rupture amoureuse suit la rupture professionnelle : en 1981, Miou-Miou quitte Julien. Profondément blessé, le beau brun transmet sa peine à « Femmes, indiscrétions et blasphèmes », se jette dans le travail pour faire diversion et change de maison de disques et de domicile. Son album et ses « Femmes je vous aime », sortis sous le label Virgin, sont un immense succès commercial. Malgré ses cheveux courts ou le sacrifice de sa longue chevelure bouclée, Julien continue à séduire et touche un public plus jeune avec sa « Lili voulait aller danser ». En février 1983, le chapiteau de la porte de Pantin accueille 5000 personnes par soirée pendant cinq semaines. A cette époque, Julien Clerc, chanteur bêlant, apprend à contrôler sa célèbre voix chevrotante avec Madame Charlot, professeur de chant. Celui qui apprend à maîtriser son vibrato laisse son cœur battre devant Virginie Couperie et leur passion commune des chevaux. Le 14 septembre 1985, les amoureux se marient en Corse. Cette année 85 est une année de vedette et de bonheur. En avril et mai, le chanteur français triomphe au Palais Omnisports de Paris-Bercy devant 10 000 personnes par soir. Puis Citroën fait appel à lui pour sa campagne publicitaire. Son disque « Aime-moi », sorti en 84 et contenant le tube « Mélissa », est pris à la lettre et remporte tous les suffrages. Porté par son succès jusqu’en Afrique, il est ensuite transporté de joie à la naissance de sa deuxième fille, Vanille, en 1987.En 1992, le séducteur retrouve Roda-Gil et sort « Utile ». En 1997, ne perdant rien de son talent avec les années, le frais quinquagénaire fête son anniversaire sur scène avec ses amis devant 5000 personnes. En novembre 2000, « Si j’étais elle », plein de sang neuf et de nouveaux noms, attire les médias. Carla Bruni, top-model reconverti en parolière, et Assia, nouvelle chanteuse groove, retiennent particulièrement l’attention. En 2005, deux ans après « Studio », Julien sort « Double enfance ». Maxime Le Forestier reprend sa collaboration et écrit à Julien Clerc une chanson sur son enfance partagée en deux par le divorce de ses parents. Dans ce nouvel opus, on retrouve aussi Carla Bruni et un Etienne Roda-Gil post-mortem. Rythmes mélancoliques et métissés, Julien Clerc renouvelle son style mais garde ses mélodies populaires.

On ne sait pas très bien qui, des albums ou du personnage, hantent le plus l’histoire de la chanson française : Melody Nelson ou Gainsbourg, Aux Armes et Cætera ou Gainsbarre ? Peut-être est-ce après tout le rôle d’un génie que de marquer l’Histoire simultanément en tant que personnage et en tant que créateur…peut-être. Il n’en est pas moins que le fantôme Gainsbourg hante encore nos mémoires et celles de nos chaînes Hi-Fi. A tel point qu’on se demande s’il est réellement mort, un jour de mars 1991. A cette époque le Koweït venait d’être libéré,
Miles Davis n’allait pas tarder à rejoindre les cieux tout comme le chanteur des
Queen (Freddy Mercury) et la France allait gagner la Coupe Davis. Pourtant, la disparition de l’homme à tête de choux, semble ne jamais avoir eu lieu tellement elle paraît proche, il y a quelques mois, quelques jours, hier, il y a quelques minutes. Serge Gainsbourg (né Lucien Ginsburg) ouvre officiellement les yeux sur le ciel gris de Paris le 2 avril 1928. Son père, Joseph Ginsburg est pianiste et gagne sa vie en jouant dans des cabarets. Il connaît par cœur Chopin, Bach, Vivaldi et Gershwin (ce n’est pas un hasard si beaucoup de chansons de Gainsbourg porteront cette référence classique comme Lemon Incest par exemple ou encore Initiales B.B). Arrive l’Occupation et la guerre qui contraignent les Ginsburg, du fait de leurs origines juives, à partir en province quelque temps. A leur retour, le jeune Serge se met à composer des chansons. Il a 22 ans et a trouvé un job d’éducateur à Champsfleur. Mais son grand tournant sera
Boris Vian, quatre ans plus tard, en 1954 quand son père lui trouve une place de pianiste au fameux Milord L’Arsouille, un piano-bar branché de la Rive-Droite. Un soir, Boris Vian s’y produit (si vous ne connaissez pas alors éteignez votre ordinateur et précipitez-vous chez le disquaire ou le libraire !). C’est le choc. « il [Boris Vian] a commencé à balancer ses chansons devant les gens sidérés et ce fut pour moi un catalyseur, un coup de poing dans la gueule ! » dira-t-il un peu plus tard. Le choc est tellement violent que Lucien Ginsburg devient Serge Gainsbourg, manière personnelle de changer tout en reconnaissant ses premiers amours pour la peinture et les tableaux de Gainsborough. Ironie du sort, quand
Juliette Gréco lui remet en 1959 le disque de l’Académie Charles Cros, Boris Vian meurt. Mais il faudra attendre janvier 1960 pour que Serge Gainsbourg connaisse enfin le sucès avec sa chanson « l’eau à la bouche » dont il vendra cent mille 45t. Mais, coincé entre les yé yé (
Johnny Hallyday,
Sylvie Vartan) et les rockeurs (l
es Chaussettes Noires,
les Chats Sauvages), Serge Gainsbourg a du mal à trouver sa place. C’est même cela précisément qui définira Gainsbourg : son problème à se faire une place musicale et existentielle. Avec ce « problème de place » il rencontre néanmoins Jane Birkin avec qui il vivra près de 12 ans. Elle a 20 ans et vient tout juste de divorcer du compositeur John Barry, celui qui a composé la musique de la série Amicalement Vôtre et du film Danse avec les Loups. Avec ce « problème de place » encore, il enregistre et compose L’Histoire de Melody Nelson en 1971, l’album mythique que le chanteur Beck ne cesse de recommander à tous ses interviews en disant que « c’est le disque cool ». Puis c’est au tour des albums Rock Around the Bunker (1975), l’Homme à Tête de Chou (1976) « moitié légume, moitié mec », Mauvaise Nouvelles des Etoiles (1981), Love on The Beat (1984), et puis La Marseillaise en reggae, et puis le billet de 500fr qu’il brûle en direct à la télévision, et encore sa célèbre prise de tête avec la chanteuse des Rita Mitsouko, les engueulades avec Renaud à l’émission de Michel Polack et toutes les fois où, ivre mort il a titillé les étoiles.« La Nouvelle Vague, explique-t-il, je dirai d’abord que c’est moi. Nouvelle Vague veut dire qu’on est à l’avant-garde de la chanson (…) Moi, c’est la chanson française. La chanson française n’est pas morte, elle doit aller de l’avant et prendre des thèmes modernes. Il faut chanter le béton, les tracteurs, le téléphone, l’ascenseur (…) pas seulement raconter quand on a 18 ans, quand on s’est quittés, quand j’ai pris la femme de mon copain. Il n’y a pas que ça dans la vie quand même ! Dans la vie moderne, il y a tout un langage à inventer. Un langage autant musical que de mots. Tout un monde à créer, tout est à faire »C’est bien pour ça qu’il hante notre discothèque : sa vie se termine sur des points de suspension...

Dans la famille « rockeur sexagénaire increvable », il y a les Stones, mais il y a aussi le seul, l’unique, l’irremplaçable Johnny que l’industrie du disque, les magazines people, les fans de santiags, les clubs de motards comme les émissions de variété française peuvent remercier mille fois, tant la gueule (qu’est-ce qu’elle a ma gueule), le charisme, la Harley et la voix de plus en plus mâle de la star hexagonale auront contribué à leur assurer un gagne-pain et donné un sens à leur vie. Avec une discographie à n’en plus finir, des histoires de dopes, de femmes et de fric qui n’ont rien à envier aux icônes rock anglo-saxonnes (et en prime quelques démêlés avec la justice), Johnny est devenue un vrai mythe vivant en France. Preuve en est, depuis ses débuts dans les années 1960, le public n’a jamais lâché Johnny et se rend toujours en masse à ses concerts gigantesques. Et même si la critique spécialisée ne manque pas de le railler, même si ses albums ne sont pas toujours exceptionnels, il faut rendre à Johnny ce qui appartient à Johnny : sans lui, le rock en France n’aurait peut-être jamais vu le jour….
Johnny est né sous un nom moins rock’n’roll en 1943. A l’époque, il s’appelle Jean-Philippe Smet et fait très jeune ses premiers pas dans le monde du spectacle et de la pub. En 1957, sa famille itinérante se pose à Paris où le jeune garçon fait la connaissance de Jacques Dutronc et d’Eddy Mitchell qui s’appelait encore Claude Moine. Un jour, Jean-Philippe tombe sur le film « Lovin’you » où joue le célèbre Elvis Presley et alors tout bascule. Pour le jeune-homme, plus de doutes possibles, il sera chanteur de rock. Lui et ses amis vont alors régulièrement au club de rock’n’roll très tendance, le Golf Drouot.
En décembre 1959, Johnny apparaît dans une émission télé, "Paris Cocktail" et séduit Jacques Wolsohn, directeur artistique chez Vogue. Ce dernier lui propose de signer un contrat et à seulement 16 ans, le chanteur devenu entre temps Johnny Hallyday (un nom qu’il emprunte à l'ami d’une de ses cousines) sort son premier 45T, « Laisse les filles » et « T’aimer follement » en janvier 1960.
Mais c’est avec le titre « Souvenirs, souvenirs » que Johnny est véritablement lancé en juin 1960 et emballe les foules à chacun de ses concerts, provoquant l’hystérie, que ce soit au Golf Drouot ou à l’Olympia. C’est la première fois que les jeunes découvrent sur scène artiste du même âge qu’eux, doté d’une énergie folle, se roulant par terre sur scène, représentant à lui tout seul le rêve américain made in France. Les filles sont aussi complètement dingues de Johnny et de sa belle gueule. Avec Johnny et ses autres collègues rockeurs (les Chats Sauvages de Dick Rivers, les Chaussettes Noires d’Eddy Mitchell) qui adaptent les standards rock US en les chantant avec des textes écrits en français, les jeunes ont enfin une musique qui leur correspond. Se développe autour de cette révolution musicale, un look spécial jeune et des émissions comme des magazines pour jeunes (le légendaire « Salut les copains »), à l’image de l’avènement du rock aux Etats Unis quelques années plus tôt. En 1961, Johnny fait bouger cette même jeunesse au rythme du twist, sort son premier 33T, « Salut Les Copains ». et accumule les succès avec des classiques comme « Retiens la nuit » ou encore « L’idole des jeunes », et plus tard en 1964, « Le Pénitencier » . Johnny débute par ailleurs en 1963 une carrière cinématographique dans le film « D’où viens-tu Johnny ». On retrouvera ensuite Johnny dans de nombreux films et feuilletons télé. 1963 atteindra son apogée avec un concert mémorable place de la Nation qui symbolise les années « Yéyé ».
Johnny fait aussi parler de lui lorsqu’il rencontre la chanteuse Sylvie Vartan et qu’il forme avec elle le couple le plus tendance de l’époque. Partout, on ne parle plus que de « Sylvie et Johnny », jusqu’à ce que Johnny partent faire son service militaire. A son retour en 1965, Johnny épouse Sylvie et reste très populaire, même si des rivaux anglo-saxons (les Beatles, les Stones, Dylan) viennent quelque peu le detabiliser et le remettre en question. De plus l'année 1966 sera marquée par un mini-duel opposant le chanteur anticonformiste Antoine, qui met Johnny en boîte (enfin, "en cage à Medrano") dans sa chanson provocatrice et très drôle, « Les Elucubrations » et le rockeur Hallyday, qui lui répond la même année « Cheveux longs idées courtes ». Pour finir, Johnny se fait quand même une bonne dépression doublée d'une tentative de suicide et chante « Noir c’est noir ». Mais de l’espoir, il y en a toujours, et quand David, son fils, voit le jour en 1966, Johnny retrouve le moral. Pour définitivement se changer les idées, il se prend aussi de passion pour les voitures de courses (avant de devenir fan de motos), part en voyage tout en enregistrant de nouveaux albums où il reprend aussi bien Presley que Jimmy Hendrix (qu'il a fait connaître au public français lors d'une de ses tournées où la guitariste génial faisait la première partie).
Les tubes et la gloire continuent à pleuvoir, avec le sulfureux « Que je t’aime (1969), et le plus que célèbre « Toute la musique que j’aime » (1973). Johnny s’embarque par ailleurs dans des grandes tournées et plus tard se fait un long trip en bécane dans toute l’Amérique où il finit par s’installer (pour échapper au fisc) avec sa famille, bien qu’avec Sylvie, il y ait de l’eau dans le gaz. Malgré l’éloignement, Johnny enchaîne les albums (avec « Derrière l’amour » en 1976 qui comporte le tube « Gabrielle »), les mégas concerts et reste la super star française incontestée.
Mais voilà, une rock star n’en serait pas une s’il n’y avait pas non plus dans sa vie de quoi alimenter la légende en matière d’histoires glauques, de maladie, de divorces, mariages, remariages, redivorces, de drogues (dont il parlera dans les années 2000 à l’occasion de plusieurs confessions médiatisées ), et de vie nocturne festive et agitée. Johnny fait alors comme toute bonne icône qui se respecte, et accumule malaise en concert, divorce (avec Sylvie), mariage éphémère (avec le top model Babeth). On va même croire un temps que Johnny a passé l’arme à gauche…Mais non, Johnny est loin d’en avoir fini avec la vie, et engage même une nouvelle relation amoureuse avec Nathalie Baye. Leur union lui donnera un autre enfant, Laura en 1983. Cependant, les problèmes de santé ne le lâchent pas, et Johnny fait une syncope en 1985 lors d’un concert au Zénith, et se fait opérer de la hanche. En 1985, c’est la fin du couple Johnny et Nathalie Baye mais le début de nombreuses collaborations avec des auteurs compositeurs phares de l’époque. Michel Berger lui écrit son album « Rock’n’roll attitudes » en 1985 tandis que Goldman lui compose « Gang » en 1986. Etienne Roda-Gil, le parolier de Julien Clerc lui écrit « Cadillac » où l’on peut aussi retrouver deux titres composés par son fils David.
Johnny se fait à nouveau épingler par les magazines people en 1990 lorsqu’il épouse Adeline (dont initialement il était le parrain...), fille d’un de ses meilleurs amis qui a alors 19 ans, un mariage qui ne durera pas très longtemps. C’est finalement avec Laetitia que Johnny va trouver l’épanouissement dans la vie à deux en 1996. En 2005, le couple a adopté une petite fille, Jade.
Côté musique, le Johnny des années 1990 et 2000 est toujours aussi populaire (d'ailleurs, il a même sa marionnette aux "Guignols de l'Info" , à qui l'on doit le célèbre "A que coucou!"), avec des concerts gigantesques (au Parc des Princes, au Stade de France) et des albums composés par les grands talents du moment, comme Bruel, Obispo, Art Mengo, Bryan Adams, Miossec, De Palmas ou encore Kyo, qui sont à chaque fois d’énormes succès (avec notamment le tube « Marie »), comme en témoigne son dernier album, « Ma Vérité ».
En 2006, Johnny se fait remarquer dans des changements de nationalité et de maison de disques. En effet, il plaque Universal pour Warner et a fait une demande pour prendre la nationalité belge, son père étant belge et sa mère étant française. C'est Nikos, le présentateur de la Star Academy qui ne va pas être content : il va falloir qu'il trouve un autre adjectif que "notre Johnny national", lorsque Johnny apparaîtra sur le plateau de la prochaine Star'Ac (si prochaine Star'Ac il y aura...)...Affaire à suivre...

« Opportuniste », « Gentleman » très peu cambrioleur, amateur de « Cactus », « Roi de la Fête » mais surtout un des « Playboys », un de ceux qui ont le piège à filles, le piège tabou, le joujou extra qui fait Crac, Boum et Huuuu, Jacques Dutronc est, si, on ose le dire, c’est un compliment, le grand emmerdeur de la chanson française…Acteur hors pair, il a souvent été appelé, paradoxalement, « le dilettante » de la chanson, la faute probablement à son air indolent et à ses yeux bleus ironiques qu’il cache désormais derrière de perpétuelles lunettes de soleil, vissées juste au-dessus d’un sempiternel cigare. Son sens de la provocation, ajouté à un look de dandy anti-yéyé pendant les années 60 avait déjà lancé le personnage. Plusieurs décennies d’une carrière florissante où chacun de ses disques et de ses films est désormais considéré comme un événement, ont également contribué à consolider le mythe.La musique a toujours été une passion pour Jacques Dutronc et ce depuis sa naissance à Paris, le 28 avril 1943. Etudiant relativement démotivé, il quitte successivement le lycée et une école de dessin industriel pour traîner avec ses copains, Jean-Philipe Smet alias Johnny Hallyday et Eddy Mitchell, entre autres. Il devient guitariste de ce dernier après avoir formé son propre groupe, El Toro et Les Cyclones, alors qu’il n’a que 19 ans.Gratter la guitare c’est bien joli mais comme Jacques connaît un peu de monde dans le milieu musical de l’époque, il se voit surtout bombardé directeur artistique chez Vogue. Il écrit aussi quelques chansons, dont des titres pour de jeunes et ravissantes chanteuses débutantes, dont une certaine FrançoiseHardy…C’est pourtant sa rencontre avec l’écrivain Jacques Lanzmann, en 1965, qui va lancer sa carrière de chanteur. Les deux hommes, aussi iconoclastes l’un que l’autre, se comprennent parfaitement et entament une collaboration qui aboutira à une dizaine d’années de complicité, d’impertinence et de poésie mêlées. Un an après leur rencontre, Jacques Dutronc sort son premier 45t, « Et moi, et moi, et moi ». Pas besoin de forcer sur la promo, le succès est immédiat. La jeune génération reconnaît la société prospère et égoïste des années 60 dans ce refrain faussement idiot et carrément dansant. Même procédé, même succès pour son deuxième 45t, « Les Playboys », avec le fameux « Crac Boum Huuu » que Dutronc chante avec un air goguenard et détaché qui pour le coup, tombe vraiment les filles.Les filles, il aurait pu en avoir autant que de succès mais c’est avec Françoise Hardy qu’il forme alors le couple le plus en vogue du moment, un couple forcément mythique puisqu’il a su résister aux assauts du temps, avec les aléas qui vont avec…On surnomme Jacques Dutronc, « Le Gai Luron », curieux surnom quand on connaît les choix qu’il fera plus tard au cours de sa carrière cinématographique, de « Violette et François » avec Isabelle Adjani en 1977 à « Van Gogh » de Pialat en 1991. Il choisit très souvent des rôles tour à tour tendres, désabusés, douloureux ou extrêmes dans « C’est la vie » en 2001.Alors, Dutronc amuseur public ? « Roi de la fête » qui fait des trucs avec sa bouche, avec ses pieds, et qu’on invite dans les soirées ? Pas vraiment…En 1972 déjà, il interprète « Le petit jardin », une complainte écolo et nostalgique pleine de sensibilité puis commence à collaborer avec Serge Gainsbourg, avec qui il est très lié. C’est peu après cette époque que Jacques Dutronc décide de mettre un frein à sa carrière de chanteur et d’amuseur public pour se consacrer à sa carrière de comédien avec le succès qu’on lui connaît par la suite puisqu’il recevra même le César du Meilleur Acteur en 1992 pour « Van Gogh ».Entre ses rôles au cinéma et ses périodes de repos dans sa maison en Corse, à Monticello, sa nouvelle terre d’adoption, Dutronc a de moins en moins de temps à consacrer à la chanson mais ne l’abandonne pas tout à fait.Avec un à propos cinglant et un humour scatologique et jubilatoire, il chante en 1978 « L’Hymne à l’amour…moi l’nœud » et « Merde in France » en 1982, pour ne citer que ses « tubes » où il campe son nouveau personnage, moins playboy, plus dandy déglingué et cynique sur les bords.Sur scène, ses fans continuent à lui faire un triomphe lors de ses trop rares apparitions, surtout au Casino de Paris en 1992. Il fait des duos surprenants, avec Stomy Bugsy, par exemple, ou touchant, comme la reprise de « Puisque vous partez en voyage » qu’il interprète avec son épouse, Françoise Hardy en 2000.Jacques Dutronc change de siècle sans avoir pris musicalement une ride et sort « Madame l’Existence » en 2003. Se réfugiant de plus en plus dans sa maison en Corse, il continue également à incarner de nombreux rôles au cinéma, souvent avec succès, apparaissant, entre autres, dans « Embrassez qui vous voulez » réalisé par Michel Blanc.

Ce genre de classement est évidemment ridicule, mais si l’on devait établir une liste des artistes les plus importants de la pop music française, Michel Polnareff figurerait dans les premiers, pas très loin de Serge Gainsbourg. Malgré une réputation sulfureuse et des enregistrements pas toujours à la hauteur de son talent, il reste l’auteur de merveilles qu’une seule compilation aurait du mal à résumer.Fils de Léo Poll, un musicien qui a, entre autres, écrit des chansons pour Edith Piaf, Polnareff se forme au Conservatoire de Paris, où il obtient un premier prix de solfège à l’âge de onze ans. Après quelques expériences malheureuses dans divers petits boulots (on en trouvera la trace dans la savoureuse « Miss Blue Jeans »), il adopte le mode de vie beatnik au début des années 60, chantant ses chansons accompagné d’une guitare sèche sur les marches de la Butte Montmartre. Après avoir refusé un contrat chez Barclay, il rencontre Lucien Morisse, patron d’Europe 1, et en 1966, ce dernier devient son manager. Un contrat chez Universal s’ensuit et le jeune homme part enregistrer à Londres. Exigeant, il demande à être accompagné par les meilleurs musiciens et collabore notamment avec Jimmy Page, qui fondera plus tard Led Zeppelin.Les premiers 45 tours qu’il publie à son retour sont des succès immédiats. « La Poupée Qui Fait Non » et « Love Me, Please Love Me » l’intègrent dans le cercle des stars de Salut Les Copains… Cependant, grâce à des titres comme « L’Amour Avec Toi », dont le refrain fait scandale, il impose d’emblée une personnalité bien plus provocatrice que Johnny Hallyday et consorts. Pendant quelques années, le chanteur va enregistrer des disques de plus en plus ambitieux, rivalisant avec les Beatles en inventivité musicale. Les tapis de violons d’« Ame Câline », l’orgue sépulcral du « Bal Des Laze » ou les rythmiques avant-gardistes de « Dans La Maison Vide » lui valent d’être acclamé par la presse britannique, ce qui est rarissime pour un artiste français. Arrangeur minutieux, il supervise chaque étape de l’enregistrement et du mixage de ses disques. Le 33 tours « Polnareff’s » (1970), sorte de concept-album étrange et subversif, est considéré par beaucoup comme son travail le plus abouti.Mais l’artiste s’accommode mal du revers de la médaille. Après avoir joué de son physique androgyne, il se sent obligé d’enregistrer la chanson « Je Suis Un Homme » et surtout, vit très mal la mort de son ancien protecteur, Lucien Morisse. Au début des années 70, sa carrière connaît donc un déclin, malgré la sortie de 45 tours comme « Holidays » (couplé avec « La Mouche ») ou « Ça N’Arrive Qu’Aux Autres ». Alternant les phases d’hyperactivité, d’agressivité (il exhibe son derrière au cours d’une célèbre campagne d’affichage) et de dépression, il confie la gestion de ses affaires à un escroc qui finit par s’enfuir après avoir détourné des millions. Ruiné, endetté auprès du fisc, Polnareff se voit alors contraint de quitter la France et s’installe aux Etats-Unis.Dès lors, son activité musicale devient moins convaincante. Après une poignante « Lettre A France » en 1975, ses bonnes chansons se font rares… Comme beaucoup, il cède dans les années 80 à la tentation du tout électronique, oubliant le charme de ses orchestrations d’antan. Néanmoins, son album « Kama Sutra », en 1989, est l’occasion d’un come-back, en grande partie grâce au classique « Goodbye Marilou ». En revanche, son dernier album, paru en 2005, ne convainc pas la critique. Contre toute attente, il a annoncé une semaine de concerts au Palais Omnisport de Bercy, à Paris, en mars 2007.Chouchou de la presse people, qui fit les gorges chaudes de ses problèmes de santé et de sa vie sentimentale mouvementée au cours des années 90, il est admiré par des toutes sortes de musiciens, de Bertrand Burgat à Pascal Obispo Derrière ses lunettes teintées, il cultive sa légende, énigme fondamentale d’une scène française trop pauvre en la matière.

Qui n’a pas braillé dans son salon ou sur le dancefloor comme une hystérique « Les sirèèènnes du port d’Alexxxxandriie ! » à en crever les tympans du DJ et des voisins ? Qui n’a pas chanté au moins une fois « Cette année là », « Belles, belles belles », « Le Lundi au Soleil » dans les soirées karaoké, fantasmé sur les clodettes, rêvé de paillettes et de téléphone qui pleure ? Cloclo a tellement marqué la variet’ française de son vivant que même mort, il est encore présent partout, des boîtes de nuits aux soirées branchées en passant par le ciné (ah Poelvoorde, exceptionnel en sosie pailleté dans "Podium", le film de Yann Moix !). Enfant, ado, adulte et babyboomer, tout le monde connaît par cœur les hymnes survoltés, les chansons tendres, la voix dynamitée, les costumes flashy et la coupe de cheveux toujours impec de celui qui fera encore danser l’hexagone pour une bonne centaine de réveillons à venir. Cette année–là où Claude François voit le jour pour la première fois, c’est l’année 1939 à Ismaïla, en Egypte. Son papa contrôle le trafic du canal de Suez et lorsque celui-ci sera nationalisé par Nasser en 1956, la famille de Claude François doit quitter l’Egypte pour la France et part vivre sur la Côte d’Azur. Claude François a à peine dix-sept ans mais il doit déjà prendre en charge sa famille, son père souffrant de problèmes de santé depuis son arrivée en France, vivant très mal son départ d’Egypte où il menait une existence luxueuse. Et c’est à cette époque que Cloclo se prend d’une grande passion pour la musique qu'il a appris très jeune et qui deviendra un exutoire. Le public ne le connaît pas encore lorsqu’à 18 ans, Claude François monte sur scène en jouant en tant que percussionniste dans des orchestres. Sa jolie gueule un peu androgyne et son aura lui permettent de se faire repérer dans les soirées hype de la Côte où la crème de la jet set lui suggère d’aller faire ses preuves à Paname. Aussitôt dit aussitôt fait, notre Cloclo plie bagage et part conquérir Paris en 1961. La suite est racontée par Claude himself dans l’un des grands hits « Cette année là ». A l’époque, Johnny et ses compères yéyés et rock’n’roll font déjà fureur (« Cette année-là, le rock’n’roll venait d’ouvrir ses ailes ») et Claude se dit que surfer sur la vague SLC serait une bonne chose. Après quelques mois de galère, il publie un premier titre, « Nabout Twist » mais fait un bide. Il en faut plus pour démoraliser le jeune-homme qui reprend son vrai nom (il avait enregistré son twist sous le nom de « Koko ») pour sortir en 1962 (« C’était l’année, soixante deux ») une nouvelle chanson, « Belles, belles, belles » qui cette fois cartonne (« Et dans mon coin je chantais belle, belle, belle, et le public aimait ça »). « Belles, belles, belles », c’est un remake en français (chose courante à l’époque yéyé) d’un titre des Everly Brothers que Clolo a écrit quelques temps après le décès de son père avec qui il était fâché, Aimé n’étant pas particulièrement ravi que son fils se lance dans une carrière artistique. Une fois encore, la musique lui permet de penser à autre chose qu’aux moments difficiles de sa vie et Cloclo s’y jette à cœur perdu. Stakhanoviste de la mise en son, Claude François aura dès lors une réputation de bosseur ultra pointilleux. Le remake de tubes US marchant plutôt bien, Claude continue dans la même veine avec « Si j’avais un marteau » et « Dis-lui, Marche tout droit » (« Déjà, les Beatles étaient quatre garçons dans le vent, et moi, ma chanson disait marche tout droit »). Mais « le seul, le grand, l’unique » premier et dernier amour de Cloclo, c’est son public, un public de fans (« qui cassaient des fauteuils ») complètement séduits par les chorégraphies, le charisme, le physique du chanteur. Pourtant, à force de trop donner d’énergie pour percer dans le milieu musical, Claude François, marié depuis 1961 avec la danseuse anglaise Janet Woolcoot, se fait larguer par sa belle qui le quitte pour Gilbert Becaud. La chanson « J’y pense et puis j’oublie » fait référence à cette douloureuse rupture. Côté musique, les affaires par contre vont bon train. En 1964, Claude François est désormais une star incontestée sur les ondes comme sur scène où il est accompagné à partir de 1966 des mythiques Clodettes. Comme tout chanteur venant de réussir, il décide de se faire plaisir et s’achète une propriété à Dannemois, dans l’Essonne qui lui inspirera les paroles de « La Ferme du bonheur». En plus d’être chanteur, auteur, compositeur, il devient aussi producteur en créant le label Flèche. Puis arrive 1967, l’année de l’un des plus gros succès de Claude François, « Comme d’habitude », que beaucoup connaissent en version anglaise sous le nom de « My Way ». Côté coeur, Cloclo finit aussi par retrouver le bonheur avec France Gall pour une relation éphémère puis dans les bras d’Isabelle Forêt qui lui donne un fils, Claude Junior alias Coco en 1968. En 1969, Claude François est père pour la seconde fois, mais cache au public comme à la presse l'existence de Marc pendant quelques années. Boulimique de travail, Claude François rachète le magazine pour jeunes « Podium » et fait connaître via son label Flèche, de jeunes prodiges comme Alain Chamfort et Patrick Juvet qui lui écrit « Le Lundi au soleil » en 1972. Plus tard, il créera même sa ligne de parfum.Mais à trop bosser, Claude François paye parfois les pots cassés à coup de syncope pendant un concert, et d’accident de voiture au début des années 1970 qui lui met son visage en pièce. Ce qui n’empêche pas le chanteur de travailler et tant et plus en continuant à enchaîner les tubes (avec un visage tout refait), et en reprenant en main une agence de mannequin ainsi qu’un journal érotique, « Absolu »…Cloclo est décidément increvable (enfin presque)…Non seulement il fait fureur en tant que chanteur, avec « Ça s’en va et ça revient » (1973), « Le Mal-Aimé », « Le Téléphone Pleure » (1974), ou encore « Magnolia for ever » son tube sorti en pleine disco attitude, mais il est aussi un vrai tombeur, et les filles dans son lit sont aussi nombreuses que ses chansons en tête du hit parade. Cependant, l’exigence presque malade de Cloclo qui le rend imbuvable et infernal ainsi que son mauvais caractère contribuent à donner au public une image de l’artiste un peu moins paillette que ses costumes. Tout le monde n’est pas accro à Claude et certains sont même à cran : des déboires avec le fisc en passant par une agression pendant un concert, d’une tentative d’assassinat à l’incendie de sa « ferme du bonheur », Cloclo n’est pas spécialement épargné, même s’il s’en sort indemne à chaque fois. Et même lorsqu’on ne lui en veut pas spécialement, la vie elle, lui en veut puisqu’en 1975, Claude perd un tympan lors d’un explosion d’une bombe posée par l’IRA à Londres. Pour finir, ce ne sera pas l'IRA qui aura sa peau…Il aura suffi d'un accident domestique pour que le légendaire Claude François passe l’arme à gauche le 11 mars 1978, alors que sur les ondes, le chanteur cartonne une fois de plus avec « Alexandrie, Alexandra », dont les paroles ont été écrites par Etienne Roda-Gil, le célèbre parolier de Julien Clerc à qui le chanteur avait fait appel afin de clouer le bec aux critiques souvent acerbes concernant les paillettes et les chansons faciles de Cloclo (il dira lors des sessions d'enregistrements d'« Alexandrie, Alexandra », que c'est bien la première fois qu'il chante un texte dont il ne comprend pas toujours le sens...!). Eh oui, à trop être maniaque, le chanteur y aura laissé la vie, puisque c'est en voulant remettre correctement une ampoule au dessus de sa baignoire que le chanteur trouvera la mort en ce jour tragique. Depuis, Cloclo est devenu un vrai mythe en strass qui brille toujours au firmament des boules à facettes.

Il est le Dalton de la chanson française des années 60-70. Joe Dassin distribuait les tubes comme d’autres les balles. Ses chansons atteignaient le public en plein cœur. Associé à la générosité, cet homme qui a beaucoup donné ne pouvait mourir que du cœur. Mais avec son répertoire, devenu un standard, il continue à vivre. Joe Dassin, référence de la chanson française, est né à New York, en 1938. Joseph Ira Dassin a comme mère une violoniste et comme père un comédien. Dans les années 40, Jules Dassin se fait un nom derrière la caméra : il est un des réalisateurs les plus talentueux d’Hollywood. Avec le maccarthysme et la politique de la chasse aux sorcières, Jules Dassin, politiquement engagé n’a plus la cote que sur les listes noires. La famille doit donc quitter les Etats-Unis. Joe ne quitte pas seulement le pays de l’Oncle Sam : il quitte aussi l’enfance paisible. Désormais, il est tout le temps le nouveau du lycée. Mais après d’incessants déménagements à travers le monde, les Dassin se fixent à Paris, en 1950. Joe, même s’il préfère le sport aux études, est un élève brillant. A Grenoble, il décroche une mention « bien » à son bac. Ses parents divorcés, l’exilé décide de partir retrouver sa terre natale et s’inscrit à l’université. Il s’oriente d’abord vers la médecine, puis abandonne le stéthoscope pour se lancer finalement dans l’ethnologie. Toujours brillant, il obtient l’équivalent du doctorat. Sur les bancs de la fac, loin des Champs-Elysées, rien ne semble prédestiner Joe Dassin à une carrière dans la chanson. Mais, au cours de ses nombreux petits boulots, il a été disc-jockey dans une radio. Surtout, grâce à un ami qui joue de la folk, Joe rencontre Bob Dylan. Et avec un ami français, il chante Georges Brassens. De retour sur le vieux continent, Joe Dassin, continue les petits métiers. Au Etats-Unis, il laisse les poubelles de l’éboueur et la pince du plombier. En Europe, il travaille comme animateur radio, et un peu au cinéma. A RTL, Joe Dassin rencontre une attachée de presse du label CBS. En mars, sa proposition se concrétise : Joe Dassin sort un 45 tours aux airs américains. « Je change un peu de vent » est un échec commercial. Joe, plutôt habitué à la réussite, décide de persévérer dans la musique. Il fait bien. En 1966, « Bip Bip » le lance sur la voie du succès. La même année, il épouse Maryse, une femme plus âgée que lui. En 1967, sa popularité l’entraîne sur la scène, en première partie de Salvatore Adamo. Un an après, il chante « Les Dalton ». Le perfectionnisme qui caractérise Joe Dassin lui réussit bien : en 1969, il passe à l’Olympia, et sa tournée française est à guichet fermé. En 1972, la star peut s’offrir un petit coin pour s’évader, à Bora Bora. En 1975, un an après son deuxième Olympia, il offre un petit bout de voyage à son public avec « L’été indien ». La même année, il s’offre un studio, pour continuer le contrôle de sa carrière, et un divorce - mais « Ça ne va pas changer le monde », surtout en 1977 le chanteur franco-américain connaît toujours le succès et les premières places des hit-parades. En 77, le chanteur à la voix chaude chante « A toi ». En 1978, après avoir fait sa déclaration à Christine Delvaux, il se marie à nouveau. La même année, son fils Jonathan naît à Paris, pendant que son père chante au Canada. En 1979, après être monté sur la scène de l’Olympia, l’ancien réformé pour cause de souffle au cœur a un ulcère à l’estomac et doit subir une opération. Le séducteur au strabisme, aussi appelé coquetterie dans l’œil, a aussi le cœur qui faiblit. Mais en 80, tout semble aller mieux : son deuxième fils, Julien, naît. Mais le monde ne change pas et Joe divorce à nouveau, seulement quelques semaines après la naissance de son enfant. Ensuite les accidents cardiaques s’enchaînent. Parti se reposer à Tahiti, dans son coin de paradis, avec ses fils et sa mère, Joe est victime d’un infarctus en plein déjeuner. Le 20 août 1980, son cœur a effectué son dernier battement. La mort ne l’a pas jeté dans l’oubli. Même dans l’au-delà, il continue à vendre énormément de disques. Dans les années 90, il est le concurrent des meilleurs vendeurs : Cabrel ou Goldman. Aimé du public et des artistes, il est souvent repris : notamment par Katerine, Jean-Louis Murat ou Willy Denzey.
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